L’alpinisme, en voilà un bel exemple de confiance entre humains. C’est un sport qui requiert de l’audace, une maîtrise technique et un goût du risque. Il faut avoir une grande confiance en ses propres capacités. Il faut aussi faire confiance à l’autre et à son exécution sans faille. Une erreur peut être fatale! Faire confiance que l’autre nous informera des obstacles sur le chemin. Qu’en cas de pépins, il fera les bons choix ! Pour accepter de se lancer dans une telle aventure, la confiance doit être solidement établie dans l’équipe.

N’est-ce pas la même chose pour le travail d’équipe en entreprise? Évidemment, notre vie n’est pas en jeu! C’est une tout autre aventure! Pourtant, ce n’est pas rare de voir des équipes dont les membres demeurent distants entre eux et n’arrivent tout simplement pas à se faire confiance.

Le manque de confiance

Selon Patrick Lencioni, le manque de confiance est le fondement des dysfonctions dans une équipe de travail. C’est la base de la pyramide. On n’y échappe pas! Les équipes qui ne se font pas confiance ne peuvent pas accéder à un niveau de performance. Elles diminuent grandement leurs chances de réussite!

Pourtant, quand on y pense, c’est bien vrai. Si la confiance est défaillante, les débats d’idées sont moins constructifs, les gens s’engagent moins facilement et se responsabilisent moins aussi! Si on travaille dans un climat de suspicion, de non-dits, de commérages… on fait du sur-place! Et pendant ce temps, on n’est pas concentré sur les résultats à atteindre : on est pris dans une roue sans fin à être plus préoccupé par notre petite personne que par l’équipe.

Se faire confiance, qu’est-ce que ça veut dire dans les faits? Figurez-vous que de se faire confiance commence par un cheminement individuel d’accepter de se montrer vulnérable devant les autres. C’est de mettre de côté son égo personnel et se montrer humblement sous toutes ses facettes. Nos erreurs, nos faiblesses, nos peurs… elles ont façonné l’humain que nous sommes aujourd’hui.

Un climat de confiance dans une équipe passe par la capacité individuelle de chacun à ouvrir sur sa vulnérabilité, et ce sans filtre! C’est un risque à prendre, n’est-ce pas? Comment l’autre accueillera-t-il cette information? Et surtout, l’utilisera-t-il à mes dépens?

La capacité de l’équipe à recevoir cette vulnérabilité et à l’accueillir avec ouverture d’esprit et bienveillance est fondamentale. C’est littéralement ce qu’image l’expression « safe space », qui est de plus en plus utilisée pour qualifier un climat de travail sain. Un « safe space » c’est un environnement de travail qui laisse place à ce que chacun soi lui-même, à ce qu’on puisse avoir des discussions ouvertes et où il y a le moins de tabous possibles. C’est un environnement où chacun se sent assez en sécurité pour se dire les vraies choses!

J’entends souvent des gens dire qu’ils sont différents à la maison versus au bureau. Je ne suis pas surprise. Et je me dis qu’au fond c’est normal d’arriver à être pleinement soi-même seulement quand on est en présence de notre garde rapprochée, de notre famille, de nos amis. C’est avec eux qu’on se donne la liberté d’être nous-mêmes, parce qu’on se sent en sécurité. On peut se montrer tel qu’on est parce qu’on sait qu’on ne perdra pas leur amour inconditionnel. C’est donc dire qu’au travail on se place volontairement dans un contexte différent. Pourquoi notre équipe ne pourrait-elle pas devenir notre garde rapprochée elle aussi ? On devrait se donner les moyens de travailler la base de la confiance au bureau aussi : de la construire ensemble.

Trouver sa place dans le travail d’équipe

Dans son dernier livre, Patrick Lencioni présente son nouveau modèle sur les 6 types d’intelligence qui émergent dans le travail d’équipe[1]. Il se décolle du concept de performance d’équipe pour accorder une priorité à l’humain qui se cache derrière chaque joueur. Qu’est-ce qui stimule chaque personne individuellement dans son travail d’équipe? Qu’est-ce qui au contraire draine son énergie ? Vous êtes-vous déjà posé ces questions?

Qu’est-ce qui vous anime dans le travail d’équipe? Et pour parler en bon québécois : qu’est-ce qui vous « tire du jus »? Si vous pouviez ne jouer qu’un seul rôle dans votre équipe, lequel choisiriez-vous?

Le modèle de Lencioni en est un parmi d’autres pour identifier nos préférences dans le travail d’équipe. Il existe plusieurs langages pour parler de rôles. Et au fond, ils font tous plus ou moins référence à des talents de réflexion, des habiletés relationnelles, des habiletés dans l’action et aussi à des talents d’introspection.

Avant de pouvoir faire confiance aux autres, il faut se faire confiance à soi-même. Bien se connaître, autant dans ses forces que dans ses limites. Avoir identifié sa propre contribution distinctive dans le travail d’équipe. Se sentir à sa place et avoir la conviction d’utiliser son plein potentiel.

Et votre équipe?

Le sujet de la confiance, il en est où dans votre entreprise? Si vous aviez à vous donner une note pour le niveau de confiance générale dans votre entreprise, auriez-vous un bon résultat ?

Est-ce que vos employés se font confiance entre eux?

Est-ce que les membres de la direction se font confiance?

Est-ce que vos employés ont confiance en la direction?

Et vous, faites-vous confiance à votre monde?

Il y a beaucoup de chemins possibles pour travailler sur la performance d’équipe. On pourrait vous lister des idées pendant tout un article! Mais dites-vous bien une chose : si la base de la confiance n’est pas là, vous perdez votre temps. Concentrez-vous d’abord à élever le niveau de confiance, pour que l’équipe se crée un « safe space », et le reste suivra…

Chez Groupe Conseils MCG, on s’intéresse de près à la performance d’équipe depuis plusieurs années. On a étudié les travaux des plus grands sur le sujet. On en a même fait notre raison d’être! Faire grandir les équipes. Mais, pourquoi « faire grandir »? Parce que justement le concept de performance d’équipe n’est pas statique. Il est en évolution! Et surtout, c’est quelque chose qu’on peut tous contribuer à construire ensemble.

«Les équipes qui accèdent à la performance sont celles qui acceptent de discuter ouvertement de leurs forces et de leurs points de vigilance comme équipe.   Moi je le vois le potentiel de votre équipe, et vous ?»   Julie Comtois, Conseillère

[1] Lencioni (2022) The 6 types of working genius. A better way to understand your gifts, you frustration, and your team